6.

Miel, spores et chitine

Le soleil se levait à peine et déjà Terrell vérifiait l’état de ses troupes. Les sacs sanglés, les gourdes remplies au ruisselet ; ils étaient prêts.

Le grand garçon s’approcha de Matt :

— C’est l’heure de se dire adieu.

— Et pourquoi pas au revoir ?

Terrell tendit la main vers Matt.

— Peut-être.

Matt et Tobias le saluèrent, mais quand vint le tour d’Ambre, Terrell fit comme si elle n’existait pas. Il montra les contreforts de la Forêt Aveugle :

— Plein sud, bon courage, ne soyez pas trop bruyants, ne faites pas de feu, pas de lumière vive, bref, restez toujours discrets. (Se penchant vers Matt et dressant le pouce vers Ambre, il ajouta tout bas :) Et garde un œil sur elle, c’est une femme maintenant, elle te jettera de mauvaises idées en tête et elle fera de toi un Cynik avant même que tu ne t’en rendes compte.

Matt allait répliquer quelque chose de cinglant lorsque aucun mot ne lui vint. Il voulait défendre Ambre, pourtant il ne savait que dire. C’était une fille bien, il n’avait rien à craindre d’elle.

Terrell et sa bande s’enfoncèrent dans les hautes herbes et, sur un signe de la main, ils disparurent derrière un bosquet.

— À nous de jouer, fit Matt en enfilant son sac à dos sur ses épaules, par-dessus le baudrier de son épée.

— Je commençais à m’habituer à eux, déplora Tobias, ça va nous faire bizarre de n’être plus qu’entre nous. Je crois même qu’ils vont me manquer.

— Pas à moi ! lança Ambre en ouvrant la marche.

La lumière tomba en moins de vingt minutes, tandis qu’ils approchaient de l’orée du premier rideau. Le soleil du matin semblait prisonnier derrière un voile opaque et Matt comprit d’un coup pourquoi le nom « rideau » allait si bien à cette forêt.

Ils slalomèrent entre les herbes leur arrivant à la taille et entre les énormes marguerites aux pétales soyeux, grandes comme des roues de voiture.

Puis ce fut le moment tant redouté.

Rien que pour pénétrer le premier rideau, l’Alliance des Trois dut escalader une racine haute de deux mètres, puis ils progressèrent sur un entrelacs de gigantesques souches avant de retrouver la terre ferme. Toutes les plantes qui poussaient entre les arbres étaient surdimensionnées, leurs feuilles dépassaient parfois la taille d’une planche de surf. Et plus le trio s’enfonçait dans la forêt, plus les arbres étaient volumineux. Après une heure de marche, Matt ne pouvait plus en distinguer le sommet.

La lumière avait décliné, ils redoublèrent d’attention pour s’assurer de ne pas mettre le pied dans un terrier, il n’y aurait rien de pire que de se tordre la cheville.

Lorsqu’ils passèrent devant des arbustes couverts de baies multicolores, Ambre dut insister une fois de plus pour que les garçons n’y goûtent pas.

Plume les suivait sans peine, bondissant lorsqu’il fallait escalader un talus, et abandonnant quelques touffes de poils dans les ronces quand ils franchissaient des remparts en se faufilant.

Toute la matinée, ils cheminèrent lentement, contournant les plantes trop étranges, longeant des troncs larges comme des maisons, escaladant des talus escarpés ou faisant un détour pour ne pas avoir à descendre dans une cuvette au fond tapis de brume.

Ils mangèrent peu le midi, pas très rassurés, et se remirent en route rapidement.

Même Plume semblait aux aguets, la truffe au vent, tournant brusquement la gueule dans la direction de chaque bruit suspect, ce qui inquiétait d’autant plus les trois voyageurs qu’elle incarnait habituellement la sérénité.

Ce fut Tobias qui remarqua les premières coulures.

Ils marchaient parmi de curieuses plantes, ressemblant à des artichauts de cinq mètres de hauteur dont certains, entaillés, libéraient un fluide épais et ambré. Tobias s’approcha de cette sève collante et fut intrigué par l’odeur sucrée qui s’en dégageait. Avant même que Ambre puisse l’en empêcher il trempa son index dedans et porta le liquide pâteux à ses narines. Le parfum était attirant. Familier.

Il plongea son doigt dans sa bouche.

— C’est du miel ! s’écria-t-il.

Matt vint à son niveau et prit un petit morceau qu’il avala à son tour.

— Il est drôlement bon en plus ! se réjouit-il.

— Vous êtes fous ? protesta Ambre. Vous vous rendez compte que ça pourrait vous tuer ? Et si cette nuit vous vous tordez de douleur, comment je fais, toute seule au milieu de cet endroit ?

Matt ne la laissa pas continuer, il lui étala une large dose de miel sur les lèvres avec sa main. Ambre fut trop estomaquée pour crier, elle se contenta de le fixer, hallucinée par l’affront. Puis sa langue effleura le miel et elle changea d’attitude.

— C’est vrai qu’il est bon, avoua-t-elle.

— On remplit nos gourdes vides ! déclara Matt.

Ils se chargèrent chacun de deux litres de ce nectar et, pendant qu’ils le recueillaient, Tobias se pencha vers l’entaille.

— Vous croyez que c’est naturel ces encoches ? demanda-t-il.

— Maintenant que tu le dis…, répondit Ambre, non, on dirait bien des traces, et il y a ces encoches parallèles, au-dessus et en dessous.

— Des coups de griffes, révéla Matt.

— Tu crois ? fit Tobias, sceptique.

— Certain, répliqua l’adolescent d’une voix blanche.

— Et si c’était…

Tobias s’interrompit en constatant que son ami désignait du doigt le sol. Une empreinte dans la terre meuble. Le double de celles qu’aurait laissées un éléphant, avec quatre sillons sur le devant, comme de puissantes griffes.

— Je crois qu’il vaut mieux filer en vitesse, conclut Ambre en rangeant sa gourde pleine.

Ils s’élancèrent d’un pas pressé, multipliant les regards alentour. Cela faisait à peine cinq minutes qu’ils avaient quitté les grands artichauts à miel lorsqu’un spectacle magnifique se découvrit à eux.

Les rares rayons du soleil qui parvenaient à traverser les cimes faisaient miroiter des milliers de bourgeons dorés le long de plantes plafonnant à trente ou quarante mètres et qui ressemblaient à d’immenses tulipes mauves.

Sans s’en rendre compte, l’Alliance des Trois se mit à ralentir sous ce plafond brillant. À bien y regarder, il s’agissait de spores jaunes en forme de petite ancre, pas plus grandes qu’un piolet d’escalade. Ils se mirent à frémir, Matt supposa que c’était à cause du vent.

Puis une spore se décrocha du poil transparent qui la reliait à la plante. Elle chuta lentement, et plusieurs autres furent également emportées par le vent. En quelques secondes, une centaine de ces spores dérivèrent en direction du sol.

Les premiers tombèrent aux pieds du trio tandis que Plume bondissait dans les fougères, effrayée par ce ballet.

— C’est beau, s’émerveilla Ambre.

Tobias approuva :

— On dirait ces fleurs sur lesquelles il faut souffler pour que des dizaines de particules s’envolent comme des grappes de poussière !

Une des spores effleura Ambre qui l’attrapa au vol.

— Beurk ! fit-elle. C’est collant !

Elle se débattit pour parvenir à se détacher de la spore, et, ce faisant, ne prêta pas attention à toutes les autres qui se déposaient sur ses épaules, ses bras et son dos.

Soudain, les cinq spores qui s’étaient agrippées à elle se relevèrent et commencèrent à remonter en sens inverse.

— Qu’est-ce que…, balbutia Tobias. Ambre ! Tu… tu es accrochée !

L’extrémité des spores s’était fichée dans ses vêtements et tenait bon, à l’instar de petits hameçons.

— Des fils ! remarqua Matt. Ils sont reliés à des fils presque invisibles !

Les fils se tendirent et Ambre décolla du sol en criant.

Tobias releva la tête vers les hauteurs. Deux énormes capsules surgirent et s’ouvrirent sur ce qui ressemblait à des bouches roses et huileuses.

— UNE PLANTE CARNIVORE ! hurla Tobias en courant entre les spores pour rejoindre Plume et son arc.

Ambre était entraînée vers les bouches qui sécrétaient un liquide de digestion.

Matt s’empara du pommeau de son épée et la sortit de son baudrier dorsal. Il bondit sur un rocher et sa lame se mit à chanter en fendant l’air.

Les cinq fils tranchés, Ambre tomba au sol et se rattrapa à Matt. Elle se serra contre lui.

Deux spores venaient de s’accrocher à son sac à dos et tentaient de le tracter à son tour. Ambre lui prit l’épée des mains et les sectionna.

La corde de l’arc trembla.

Tobias visait les bouches qui s’agitaient dans les airs mais ses flèches ne montaient pas assez haut.

— On se tire ! cria Matt en les entraînant à sa suite.

Ils zigzaguèrent entre les petits harpons dorés et coururent jusqu’à ce qu’un point de côté les oblige à ralentir, le souffle coupé.

Aucune spore n’était en vue.

— Quelle saleté de plante ! pesta Matt en reprenant sa respiration.

Ambre posa les mains sur ses genoux, haletante.

— Ça commence bien pour un premier jour ! dit-elle.

Lorsqu’ils furent remis, ils reprirent leur périple, jusqu’à un petit étang à l’eau noire. Ils décidèrent de s’arrêter là pour la nuit, fourbus. Ambre proposa qu’ils se lavent dans l’étang mais Matt et Tobias refusèrent. Après l’épisode des spores ils ne voulaient plus risquer d’autres mauvaises surprises. Malgré les protestations des deux garçons, Ambre s’agenouilla sur la rive boueuse. Quand elle se trouva face à face avec la gueule d’un poisson énorme, elle se précipita vers le campement et il fut décrété qu’ils ne se laveraient pas durant toute la traversée de la Forêt Aveugle à moins de trouver une eau claire.

Selon les conseils de Terrell, ils ne firent pas de feu et mangèrent froid, du thon et du maïs en boîte ainsi que des gâteaux en guise de dessert. La nuit tomba encore plus vite qu’à l’extérieur des contreforts.

À mesure que l’obscurité s’intensifiait, des lueurs blanches apparurent dans les fourrés environnants. Immobiles.

Matt saisit son épée et s’approcha de la plus proche.

Il écarta les feuilles d’un buisson, la source de luminosité était assez imposante.

Un insecte géant.

Sur le coup, son cœur bondit, il s’apprêtait à frapper avec la pointe de son arme lorsqu’il s’aperçut que la créature était morte.

Vide.

Il ne s’agissait que de la carapace d’une fourmi. Vivante, elle devait avoir la longueur d’un labrador. Ses pattes avaient disparu, il ne restait qu’un corps lisse et rigide en plusieurs tronçons.

— Qu’est-ce que c’est ? demanda Tobias par-dessus son épaule.

— Vous pouvez venir, c’est une fourmi morte.

— Ce qu’elle est grosse ! s’exclama Ambre.

— C’est sa chitine qui est phosphorescente comme ça ? Incroyable !

— Sa chitine ? répéta Matt.

— Oui, sa peau si tu préfères. Dis donc elle a l’air résistante.

Tobias donna des petits coups dessus qui sonnèrent creux.

— Solide, révéla-t-il. Faudrait pas tomber sur un nid de ces engins vivants !

— Il y en a partout dans cette direction, constata Ambre. Aucune ne bouge, elles sont toutes mortes ?

Matt alla inspecter d’autres lueurs et revint en hochant la tête.

— On dirait une sorte de champ de bataille.

— Ou un cimetière, ajouta Tobias. Ce qui signifie qu’elles peuvent revenir.

Matt ne s’attarda pas :

— Retournons au camp, je fais confiance à Plume pour sentir l’approche d’un danger pendant que nous dormons, et au moins on les verra arriver de loin ces fourmis !

Plus tard, Ambre s’était endormie contre la chienne. Mais ni Tobias ni Matt ne parvenaient à en faire autant. Le lieu les rendait nerveux.

Tous les squelettes de fourmis brillaient dans la nuit, comme autant de fantômes scellés à la terre.

Les deux garçons bavardèrent un moment, en chuchotant.

Puis l’épuisement prit le dessus et leurs paupières se fermèrent.

Ils ne virent pas la brume qui coulait entre les troncs, à toute vitesse, comme une vague.

Leur souffle était celui du dormeur.

Elle encercla le campement.

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